Vivre une expatriation en famille, c’est déjà une sacrée chance! Mais alors vivre ces 4 années d’expat à Istanbul, en Turquie, c’est comme avoir tiré le gros lot!!!

Qu’est-ce que ça fait de vivre à Istanbul?

A l’été 2016, quand avec mon mari, nos 2 enfants, et nos 2 chats, nous avons posé nos valises dans le quartier de Cihangir, nous savions que c’était le début d’une aventure intense. Malgré le stress et l’appréhension face à ce grand saut dans l’inconnu, nous avons très vite su que nous serions heureux de vivre à Istanbul. La Ville Chaos nous a tout de suite happés. Le coup de foudre fût immédiat.

Et pourtant, notre expatriation n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. On a connu des petites galères – que rencontrent tous les expats j’imagine – et puis d’autres épisodes plus angoissants, entre attentats, tentative de coup d’état, séisme, et cerise sur le gâteau : la crise du Covid-19! Ah ça on peut dire qu’il s’en est passé des choses dans nos 4 années de vie de graines de stambouliotes 😉

Aujourd’hui, c’est pour moi l’heure du bilan, car l’aventure arrive à son terme… Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. Mais je ne quitte pas tout à fait Istanbul. Disons que j’aurai encore un pied en France et l’autre en Turquie, au moins pendant l’année qui vient. Ah, c’est qu’on ne se débarrasse pas de moi si facilement 😉

Pour les futurs ou nouveaux expatriés à Istanbul, je me suis donc dit qu’un article sur les avantages d’être expat à Istanbul pourrait être utile. Voici donc un bilan personnel sur tous les points positifs de ma vie à Istanbul. Mais aussi, pour se remonter le moral, tout ce que l’on est content de retrouver en France (car oui, la maison c’est bien aussi). Cela en aidera peut-être quelques-uns à se décider avant de venir vivre à Istanbul. En tous cas, n’hésitez pas à me poser vos éventuelles questions en commentaire!

6 bonnes raisons pour s’expatrier à Istanbul

Un vrai dépaysement mais sans rupture

Avant de venir vivre à Istanbul, j’avais comme beaucoup de français une idée assez vague et très erronée de ce à quoi ressemblait Istanbul. Et systématiquement, les amis et la famille qui sont venus nous voir durant ces 4 ans, ont eu le même sentiment. C’est qu’Istanbul est une ville bien plus moderne que ce à quoi on peut s’attendre. Par bien des aspects, elle est même plus en avance que d’autres villes européennes.

  • Dans les transports en commun par exemple : Métro et tramway fonctionnent très bien et sont nettement plus propres qu’en France. En même temps, on trouve les dolmuş, ces taxis collectifs qui sont bien plus … comment dire? … rock’n roll!
  • Pour le shopping : D’un côté les grands mall à l’américaine, qui rivalisent d’attractions. Et de l’autre, les petits commerces de quartier, et les bazars typiquement orientaux.
  • Et les building hyper modernes qui poussent comme des champignons, à côté de vieilles demeures ottomanes en bois, comme ces yali qui s’égrènent le long du Bosphore ou les konak éparpillés dans la ville.
vieux tramway d'Istanbul sur l'avenue Istikklal devant le lycée Galatasaray
Le tramway historique de l’avenue Istikklal

Oui, Istanbul est une ville surprenante de contrastes, entre Orient et Occident. Un pied en Europe et l’autre en Asie. Un dépaysement assuré, sans pour autant perdre tous ses repères. A seulement 3h de vol de la France pour ne pas s’éloigner trop de la famille et des amis, c’est quand même plutôt sympa!

Une richesse culturelle exceptionnelle !

Alors là, je dois dire qu’Istanbul a été une énorme claque pour moi qui n’était pas particulièrement férue d’histoire auparavant. Disons, que je m’y intéressait un peu comme tout le monde, en lisant les commentaires dans les guides de voyage.

Mais avec le passé et la richesse culturelle d’une ville comme Istanbul – et je dirais même un pays comme la Turquie – je me suis piquée de curiosité. A chaque coin de rue on découvre un monument intéressant. Il y a les grands sites touristiques de la place Sultanahmet, que je ne me lasse pas d’arpenter. Mais aussi des tas d’endroits plus confidentiels, insolites, pleins de charme.

Les musées ne manquent pas non plus, aussi bien pour les adultes que pour les enfants. Et question prix, avec la MüzeKart+ vous avez la possibilité d’entrer dans tous les musées du pays pour un prix dérisoire! Alors on ne se prive pas et on explore…

En 4 années, je me suis ainsi régalée à visiter et approfondir mes connaissances sur l’histoire des Ottomans, Byzantins, Greco-romains, … mais aussi des civilisations encore plus anciennes comme les Hittites. L’un de mes premiers articles a d’ailleurs été de rédiger un B.A.BA de l’histoire d’Istanbul pour se repérer dans tout ça!

Bref, pour les conjoints d’expat qui auraient peur de s’ennuyer à Istanbul, je vous dirais que moi, je me suis bien occupée 😉

Un coût de la vie plus avantageux

C’est un avantage certain, lorsque l’on est expatrié dans un pays comme la Turquie : le coût de la vie y est moins cher. Que ce soit pour le logement, l’alimentation ou les vêtements… Exception faite pour les produits de haute technologie qui sont importés et lourdement taxés. Pour un téléphone ou un ordinateur par exemple, il est plus intéressant de l’acheter en France.

Mais attention, si les prix sont globalement plus bas qu’en France, les salaires le sont aussi. Pour ceux qui sont en contrat local, donc rémunérés en Lires Turques, il ne faut pas imaginer qu’Istanbul est un eldorado (c’était le cas il y a quelques années, mais plus maintenant). Il est d’abord difficile de trouver un emploi si l’on ne parle pas la langue turque. Et le permis de séjour et de travail n’est plus aussi simple à obtenir. Les Turcs font face à une crise économique importante, que la Covid-19 ne vient pas arranger. La Lire dégringole inexorablement. A notre arrivée en 2016, 1€ valait 3.30 TL, aujourd’hui en fin 2020 il dépasse les 9TL. En conséquence, les prix augmentent : le simit qui coûtait 1.25TL en 2016 vaut aujourd’hui 1.75TL. Soit une hausse de 40% en 4 ans. (C’est mon petit baromètre ;-)).

simitçin vendeur de simit dans sa roulotte rouge à Istanbul Turquie
Vendeur de simit au bord du Bosphore

En revanche, pour les expat qui ont la chance d’être rémunérés en euros, c’est tout bénéf! Du coup, n’hésitez pas à vous faire plaisir et à réinjecter un peu de cash dans l’économie locale!

Un accueil chaleureux et bienveillant

De tous les pays que j’ai eu la chance de visiter, je crois que c’est en Turquie que l’accueil y est le plus chaleureux, et surtout sincère!

Les Turcs ont du caractère, ça c’est sûr. Ils sont capables de vite s’énerver – particulièrement derrière un volant! – et il n’est pas rare d’assister à une scène d’engueulade bien virile (même entre femmes!). Mais ça redescend aussi vite que c’est monté. De manière générale, ils sont toujours heureux de discuter avec vous. Surtout si vous avez 2 ou 3 mots de langue turque, ils sont ravis! Le problème c’est qu’ils se lancent alors dans une conversation dont vous ne comprenez plus rien… mais qui est pleine de sourires.

Déambulez dans le Grand Bazar, les vendeurs vous invitent à rentrer dans leur échoppe, sans pour autant vous courir après comme des mouches sur un pot de confiture. On vous accueille à bras ouverts avec une petite tasse de çay! Mais n’ayez crainte, même si vous n’achetez rien, on ne vous en voudra pas. .

Si vous vous perdez dans les quartiers d’Istanbul – ce que je vous recommande, car c’est comme cela que l’on découvre le mieux la ville – vous ne vous sentez pas pour autant en insécurité. On me demande souvent si ce n’est pas trop dangereux pour une femme seule de voyager en Turquie. Je réponds volontiers que non! Au contraire, vous serez bien moins embêtées mesdames par les dragueurs relou, qu’en France. Et je me sens bien plus sereine dans les rues d’Istanbul qu’à Marseille ou Paris.

Une redécouverte de l’esprit de service

La Turquie est le pays du service! Une myriade de petits métiers font vivre cet esprit de service. Je n’ai d’ailleurs jamais vu autant de livraison à domicile! (même MacDo livre à domicile, oui, oui ;-))

A la superette, des employés vous aident à porter vos courses jusque chez vous. (Mon fils adore d’ailleurs, ranger les paniers avec Naim Bey!)

De nombreux artisans proposent leurs services à tous les coins de rue. Plus besoin de sortir sa machine à coudre pour faire un ourlet, les tailleurs sont partout et vous font tous vos petits et gros travaux de couture pour des tarifs hyper abordables. L’occasion de faire faire des robes de soirée pour madame, des costumes pour monsieur, et pourquoi pas des tenues de mariage!

Acheter ses chaussures « made in China », plus jamais! En Turquie, vous trouverez de très bons artisans qui peuvent vous confectionner des chaussures de qualité, en cuir véritable, sur mesure, pour le prix d’une paire achetée à la Halle aux Chaussures!

Vous rêvez d’un beau tapis aperçu au Grand Bazar, mais vous hésitez à sauter le pas? On vous le prête pour que vous l’essayiez quelques jours chez vous, et s’il ne vous convient pas vous le rendez, tout simplement.

Les « petits métiers » qui ont disparu chez nous, égayent encore les rues d’Istanbul. Ici le maraîcher qui circule avec son cheval et sa cariole, ici le vendeur de simit à qui les mamies descendent un panier depuis leur fenêtre, là encore le cireur de chaussures ou le rémouleur qui vient aiguiser les couteaux des « kébabiers »! Et si vous ne les voyez pas, vous pourrez toujours les entendre crier dans la rue pour attirer les chalands.

C’est cette ambiance que j’adore à Istanbul, et plus particulièrement dans notre quartier de Cihangir. Il faudra d’ailleurs que je vous fasse un article les meilleurs quartiers où se loger en tant qu’expat à Istanbul!

Des vacances réussies à travers la Turquie !

La Turquie est un vaste pays – elle fait une fois et demi la France – qui offre une diversité de magnifiques paysages. Même après 4 ans, je n’ai pas encore visité toutes ces régions de Turquie qui m’attirent.

Globalement, on peut découper la Turquie en quelques grosses zones :

  • Istanbul et ses environs : pour des virées sur une journée ou un week-end.
  • La Cappadoce et l’Anatolie centrale : pour randonner à travers les cheminées de fées, découvrir les églises et villes troglodytes, voir les montgolfières s’élever dans les airs au petit matin… Mais aussi découvrir les villes anatoliennes et les vestiges des civilisations Hittites, Phrygiennes, etc.
  • Izmir et la mer Egée : pour l’incontournable Ephèse, les travertins de Pamukkale, et tous ces villages emprunts de culture grecque.
  • La mer Méditerranée : pour sa côte turquoise, ses plages de sable fin, ses eaux chaudes et d’innombrables sites antiques sur la voie lycienne, de Bodrum à Antalya!
  • La Turquie orientale : mon prochain road-trip est prévu près de la frontière syrienne. Une zone encore déconseillée aux voyageurs mais où il est quand même possible de se rendre en restant sur des itinéraires « balisés ».
  • La Mer Noire : De Safranbolu à la frontière avec la Géorgie et l’Arménie, en passant pas Trabzon et le fameux Monastère de Sumela. Un itinéraire entre théiers et noisetiers que nous avons aussi prévu dans quelques mois!

Bref, il me reste encore des choses à écrire…

Et puis si la Turquie ne suffit pas, il y a aussi de nombreux pays à visiter à moins de 2h de vol d’Istanbul. Par exemple la Grèce, la Jordanie, l’Egypte, l’Iran, etc.

Mais quoi qu’il en soit, vous finirez toujours par revenir en Turquie en vous disant que ce pays réunit beaucoup d’atouts pour des vacances réussies : paysages magnifiques, histoire riche, monuments variés, activités ludiques, prix abordables, population chaleureuse, nourriture généreuse…

6 bonnes raisons pour rentrer vivre en France

Ah oui, il faut aussi lui trouver des atouts à notre beau pays qu’est la France… D’autant qu’en ce qui me concerne, mon chez-moi en France, il est dans le sud, à côté de Marseille. Un climat et des paysages qui rivalisent bien avec la Turquie 😉

Même si Istanbul me manque déjà, il y a de bons côtés à rentrer en France.

Voir les voitures s’arrêter devant les piétons

Incroyable! On avait oublié qu’il était possible de traverser, même en dehors du passage piétons, sans avoir à attendre qu’il n’y ait plus de voiture. Ca fait bizarre au début! Même les Marseillais au volant paraissent hyper calmes et courtois 😉

Les activités extrascolaires pour les enfants

Trouver des activités extrascolaires avec des animateurs francophones c’est quand même bien plus facile en France qu’à Istanbul! Du coup, dès notre arrivée en France, nous étions impatients d’aller sur les Journées des associations.

Adultes et enfants étions surexcités par toutes ces possibilités d’activités sportives et culturelles. Résultat, cette année les enfants ont un agenda de ministre avec 3 ou 4 activités hebdomadaires chacun (et 2 pour moi!).

Un accès à la télévision française et au cinéma

Là aussi, c’est plus simple en France de capter la télévision française! En 4 ans à Istanbul, on a bien tout essayé, entre les décodeurs pirates, les paraboles Fransat, et les VPN, mais le résultat était toujours bof bof. Du coup, nos soirées télé c’était le plus souvent sur Netflix.

Quant au cinéma, il faut savoir qu’en Turquie les films sont diffusés en VO sous-titrés en turc. Ce qui est plutôt bien, vu que l’on parle quand même mieux anglais que turc! Par contre, pour les enfants, beaucoup de films sont tout simplement interdits. Impossible d’aller voir un Star Wars ou le dernier Marvel. Les seuls films autorisés pour les enfants sont les dessins animés, mais qui, pour le coup, sont doublés en turc.

Donc, de retour en France, les séances ciné sont un incontournable!

Une plus grande liberté d’expression

C’est le sujet un peu touchy, mais il faut le reconnaître, on jouit en France d’une bien plus grande liberté d’expression. Alors, j’entends et je lis sur les réseaux sociaux des mots très durs exprimés par certains. C’est un fait, les Français sont râleurs et adorent s’autoflageller, en critiquant à loisirs leur propre pays.

Mais l’expatriation est l’occasion de regarder les choses avec un peu de recul. Et de se rendre compte à quel point il est rare et précieux de pouvoir s’exprimer librement comme nous le faisons en France.

Un système d’aides sociales plus généreux

On le sait aussi, la France nous offre bien des avantages au niveau du service public et des aides sociales.

Pour scolariser les enfants à Istanbul, l’école française est hyper chère, du genre 500€ par mois et par enfant (des bourses sont possibles). Même si le suivi des élèves est un petit peu meilleur qu’en France, cela reste une école publique avec ses bons et ses moins bons enseignants (et ses journées de grèves!). Donc le retour à l’école gratuite, c’est quand même pas mal pour le porte-monnaie!

Pour les soins médicaux aussi, le fait de sortir sa carte vitale en France, c’est trop bien! Même si en contrepartie on doit souvent attendre des semaines pour avoir un rendez-vous avec un spécialiste. En Turquie au contraire, les soins sont si chers par rapport au salaire moyen, que ce sont les médecins qui attendent les patients! Pensez donc à prendre une bonne mutuelle, et profitez-en pour tout refaire car ils ont vraiment de très bons praticiens! (et pas que pour les implants capillaires ;-))

Cochonaille, fromages et vins français!

De quoi parle un français expat à Istanbul qui rencontre un autre français expat à Istanbul? De bonne bouffe, bien-sûr! Toutes les occasions sont bonnes pour organiser un petit apéro entre compatriotes. Surtout après que l’un d’eux soit rentré de France avec une valise pleine à craquer de petits plaisirs gustatifs… Je vous le dis, la contrebande de cochonaille, fromages et vins s’organise!

En effet, dans les premiers mois après notre arrivée à Istanbul, je me suis rendue compte qu’il était difficile de cuisiner sans lardons et sans gruyères. Et ne comptez pas trouver de plats surgelés à réchauffer en 10 minutes à la poêle, car il n’y en a pas! Ce qui en fin de compte n’est pas plus mal. Donc les premiers temps, il m’a fallu réapprendre à cuisiner les légumes frais et les légumes secs (lentilles, haricots, pois chiches… qu’il faut laisser tremper dans de l’eau toute la nuit).

Toutefois, on finit par trouver de nouvelles recettes, expérimenter de nouveaux goûts, et puis on mange plus souvent au resto 😉

Donc, de retour en France, c’est la fête quand vous vous promenez dans les rayons de votre supermarché! Et même en plein été, on ne dit jamais non à une raclette, une choucroute, un cassoulet… Oh là là, ça y est j’ai faim moi!


Me voici donc de retour au pays, bien installée et contente d’avoir retrouvé certaines facilités. Il n’empêche qu’Istanbul reste ma ville de coeur. Et ça tombe bien parce que dans quelques jours, je serai là-bas. Je vous donne donc rendez-vous très vite pour un nouvel article sur la Turquie!

PS: le titre de cet article est un clin d’oeil à Caro du blog La Vie d’Expat en Dessin, qui est aussi storyteller. J’ai eu le plaisir de suivre l’une de ses formations pour dessiner ma petite famille en vignette de l’article ! (je vous raconte pas le nombre d’heures pour arriver à ce résultat !)