Bon, soyons clair, le Turc n’est pas une langue très facile pour nous français. Et si vous n’avez pas l’intention de rester trop longtemps ou si vous n’avez pas de la famille ou d’amis turcs avec qui pratiquer la langue, pas besoin de vous lancer dans des cours trop intensifs… Toutefois, c’est toujours rigolo d’apprendre une nouvelle langue! Et c’est aussi une façon de mieux connaître la culture et l’histoire du Pays.
J’avais donc choisi de commencer ce blog avec un premier article sur la langue turque. Tout ce qu’il faut savoir et que vous pourrez essayer d’expliquer à vos enfants. Et bien sûr quelques petits mots ou phrases utiles que vous pourrez facilement utiliser à Istanbul.
N’hésitez pas à « jouer » avec les enfants qui vont pouvoir ainsi échanger quelques mots avec les turcs dans la rue et les commerces. Ils seront tout fiers, et vous constaterez que ça peut être aussi très utile pour commencer à marchander dans les Bazars 😉
(PS: quand j’indique entre crochets des sons, ce n’est pas très conventionnel mais grosso modo on se comprend).
L’histoire de la langue turque (c’est la minute intello!)
Il faut remonter 2000 ans en arrière, pour retrouver l’origine de cette langue parlée par des peuples nomades du côté de la Mongolie actuelle. Une partie de ce peuple va migrer en Asie Centrale, tandis que l’autre redescend jusqu’en Anatolie, le coeur de l’actuelle Turquie. C’est ce dernier groupe qui finira par conquérir la ville de Constantinople et en faire la capitale de l’Empire Ottoman. Au 20ème siècle, l’aire turcophone s’étend donc sur au moins 3 grands pays que sont la Turquie, la Russie et la Chine! Mais chacun de ces pays mènera des réformes linguistiques à l’intérieur de ses propres frontières. Il n’y avait donc pas 1 langue mais bien des langues turques!
Dans la nouvelle République de Turquie, c’est Atatürk qui impose en 1928 (il n’y a même pas 1 siècle!) une grande réforme de la langue pour que tous les habitants du pays parlent une langue commune. (A l’époque, cohabitaient une mosaïques de langues telles que le furde, l’arménien, le français, … en plus du turc). Son objectif est donc de revenir à la langue turque originelle, dépouillée des influences Perses et Arabes. Et il n’y est pas allé avec le dos de la cuillère! On imagine que pour la population ça n’a pas été toujours très simple… Concrètement, cela signifiait :
1- l’abandon de l’alphabet arabe pour passer à l’alphabet latin. Et donc ne plus lire de droite à gauche mais de gauche à droite. De ce fait, une grande partie de la population se retrouve incapable de lire et écrire. Les personnes âgées notamment.
2- d’anciens mots qui n’étaient plus utilisés ont été retrouvés dans de vieilles œuvres littéraires pour les rajouter au vocabulaire actuel. (imaginez que l’on se remette à parler le vieux françois… ça pourrait être drôle!)
3- de nouveaux mots sont créés en ajoutant des suffixes à des mots existants ou en fusionnant deux mots pour en créer un troisième par association d’idées. Également, certains nouveaux mots venus de l’étranger (notamment de France!) sont adoptés et simplement transcrits phonétiquement en turc. Ce qui donne des choses assez marrantes lorsque nous les lisons! (cf. en bas de cet article).
Quelques clés de compréhension de la langue Turque
La langue turque présente plusieurs avantages dont celui d’être parfois – le plus souvent – très logique et basée sur des règles grammaticales très mécaniques. Pour les élèves studieux (comme moi, bien sûr!) c’est donc très amusant (oui, bon on s’amuse comme on peut).
La langue turque est une langue dite « agglutinante » c’est à dire qu’à partir d’un mot de base, vous allez rajouter un ou plusieurs suffixes qui pourront à la fois faire dériver le sens, mais aussi conjuguer les verbes ou décliner les adjectifs (c’est comme si on conjuguait nos adjectifs)… C’est pour ça que les mots peuvent être trèèèèèès longs! Mais rien que les 4 ou 5 premières lettres du mot de base vous donnent déjà un indice sur l’idée générale.
Un exemple tout simple, à partir du mot « Göz » = Oeil. Nous pouvons construire :
- gözlük = lunettes (nom commun)
- gözlüklu = quelqu’un qui porte des lunettes (adjectif)
- gözlükçü = opticien (métier se rapportant aux lunettes)
- gözlükçülük = opticien (magasin de celui dont le métier est en rapport avec les lunettes!)
- gözci = surveillant (métier se rapportant à l’oeil)
- gözleme = observation (nom commun)
- gözlemci = observateur (celui qui fait les observations)
- gözlemek = regarder (verbe à l’infinitif)
- gözetlemek = espionner (verbe à l’infinitif)
- etc.
Apprendre à lire le turc en 5 minutes!
L’autre avantage, et pas des moindres, c’est que le turc se lit comme il s’écrit et s’écrit comme il se lit. C’est à dire que chaque lettre ne forme qu’un seul et unique son. Contrairement à notre bon vieux français où par exemple le « s » se prononce [esse] mais peut faire le son [sss] ou [zzz]… (vos enfants au CP pourront vous en parler…!).
L’alphabet turc comporte 29 lettres dont toutes les lettres françaises à l’exception des Q, W, et X qui n’existent pas en turc. En revanche, se rajoutent les lettres ç, ğ, ı (le i sans point!), ö, ş, ü. A noter que les lettres avec accents sont considérées comme des lettres à part entière.
- A – a se prononce [a]
- B – b se prononce [bé]
- C – c se prononce [djé]
- Ç – ç se prononce [tché]
- D – d se prononce [dé]
- E – e se prononce [é]
- F – f se prononce [fé]
- G – g se prononce [gué]
- Ğ – ğ est un « g » doux, ne se prononce quasiment pas, un peu comme notre « h » aspiré
- H – h se prononce [hé]
- I – ı (le i sans point) se prononce [eu] avec les dents serrées (le seul son un peu difficile à prononcer pour nous)
- İ – i se prononce [i]
- J – j se prononce [jé]
- K – k se prononce [ké]
- L – l se prononce [lé]
- M – m se prononce [mé]
- N – n se prononce [né]
- O – o se prononce [o]
- Ö – ö se prononce [eu] (à la française, dents non serrées)
- P – p se prononce [pé]
- R – r se prononce [ré]
- S – s se prononce [sé]
- Ş – ş se prononce [shé] (à ne pas confondre avec le ç !)
- T – t se prononce [té]
- U – u se prononce [ou] (le petit piège entre u et ü !)
- Ü – ü se prononce [u]
- V – v se prononce [vé]
- Y – y se prononce [yé]
- Z – z se prononce [zé]
Youpi, vous allez dés à présent pouvoir vous amuser à traduire avec vos enfants un certain nombre de mots. Allez chiche, c’est parti :
Quelques noms propres:
- Dögol
- Şanzelize
- Piyer Loti
Quelques gourmandises:
- Ekler
- Mileföy
- Bisküvi
Dans les commerces et hôtels
- Aksesuar
- Tuvalet
- Radyatör
- Asansör
- Bisiklet
- Makyaj
- Poşet
- Enbalaj
- Şezlong
réponses : Dögol = De Gaulle; Şanzelize = Champs-Elysées; Piyer Loti = Pierre Loti; Ekler = éclair; Mileföy = mille-feuille (sorte de pâte feuilletée) ; Bisküvi = biscuit; Aksesuar = accessoire; Tuvalet = toilettes; Radyatör = radiateur (électrique); Asansör = ascensseur; Bisiklet = bicyclette; Makyaj = maquillage; Poşet = pochette (sac plastique); Enbalaj = emballage; Şezlong = Chaise-longue
Vos premiers mots et phrases utiles
Vous voilà désormais prêts à engager la conversation avec la population locale. Qui sera ravie de vous entendre prononcer quelques mots, surtout si ça vient de vos enfants. Car les turcs adoooorent les enfants, qu’ils trouveront çok tatlı (trop mignons)! N’hésitez donc pas à apprendre avec eux ces quelques mots et phrases les plus simples. Dont vous aurez à coup sûr l’utilité, même si vous n’êtes à Istanbul que pour quelques jours.
Les formules de politesse :
-
Merhaba = bonjour, se prononce [méraba]
- Selon les heures de la journée, vous pourrez entendre des variantes comme Günaydın, le bonjour du matin, équivalent du Good morning anglais; iyi akşamlar = bonsoir; iyi geceler = bonne nuit.
-
İyi günler = bonne journée, se prononce[iyi gunlèr]
- Vous pouvez l’utiliser pour dire au revoir, c’est d’ailleurs la façon la plus simple de dire au revoir! Sinon vous pouvez utiliser Hoşça kal ou Allahaısmarladık, à vous de voir celui qui vous semble le plus simple…
- Pour le au revoir, vous pourrez également entendre Güle güle, qui serait tellement plus facile, mais malheureusement cette formule ne s’utilise que par celui qui reste? C’est donc généralement le commerçant ou le serveur du restaurant qui vous saluera ainsi quand vous sortirez. A vous de lui répondre par un iyi günler ou un iyi akşamlar par exemple.
- Görüşürüz = à la prochaine / à bientôt, se prononce [gueuruchuruze]
- Lütfen = s’il te/vous plait, se prononce[lutfène]
-
Teşekkur ederim = merci, se prononce [téchékur édérim]
- on peut aussi utiliser Teşekkurler ou plus rarement sağol. Un peu compliqué, je vous l’accorde, mais si c’était trop facile, ce serait moins rigolo!
- La personne pourra vous répondre par Rica ederim = de rien / je vous en prie
-
Pardon = pardon , se prononce [pardone]
- vous voyez que des fois c’est très facile!
-
Affedersiniz = excusez-moi, se prononce [affédersiniz]
- pour interpeller un serveur par exemple…
- Un autre grand classique, en passant devant un commerce vous pouvez entendre Buyurun! qui est une formule de politesse qui vous invite à rentrer pour jeter un oeil.
- S’en suivra un Hoş geldiniz = bienvenue.
- Ce à quoi vous pouvez répondre Hoş bolduk
- pas vraiment d’équivalent en français, mais quelque chose du genre, la rencontre est agréable...
Et bien sûr, ce qui peut être utile :
- Evet = Oui (mais on peut aussi utiliser Var = « oui, il y a« )
- Hayır = Non (et donc le pendant Yok = « non, il n’y a pas« )
Enfin, le mot turc par excellence : Tamam! = ok!
Je vous ferai peut-être un jour quelques articles sur du vocabulaire thématique. N’hésitez pas à me laisser des messages pour m’indiquer les thèmes qui vous intéressent le plus : lire le menu, commander, marchander au bazar, se présenter, …
Türkçe biliyorum! Je sais parler Turc!
ou presque 😉
24 avril 2017 at 11 h 21 min
Bravo pour cet aperçu de la langue turque! Une approche tout en douceur qui peut donner envie d’aller plus loin…Bonne continuation et bonne découverte de la Turquie !
25 avril 2017 at 17 h 16 min
Merci, c’est très gentil 😉
20 mai 2017 at 20 h 36 min
Super intéressant toutes tes infos Fleur !!! Encore encore !!!