Ankara, capitale actuelle de la Turquie n’est pas une ville très touristique. Elle vaut tout de même qu’on lui consacre un week-end, pour rayonner dans l’Anatolie centrale et pour y visiter au moins deux incontournables d’Ankara : Le Musée des civilisations anatoliennes et le Mausolée d’Atatürk!

Pour la petite anecdote, nous avons visité Ankara en février 2020, juste avant que le Covid-19 ne fasse son apparition et nous contraigne au confinement

Se rendre à Ankara

Pour se rendre à Ankara par la route, depuis Istanbul, il faut compter un peu moins de 5 heures.

Si vous n’êtes pas véhiculé, plusieurs lignes de bus desservent très régulièrement Ankara depuis Istanbul et sont très confortables.

Il est possible également de relier Istanbul à Ankara par le train en 3h30. C’est une bonne option si ne voulez visiter qu’Ankara. Option à privilégier par rapport à l’avion…

Pour notre part, nous avons pris la voiture car nous étions en famille et que nous en avons profité pour bien rayonner autour d’Ankara!

Se loger à Ankara

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Ankara est une ville tentaculaire qui présente une large offre en hôtellerie. Si vous venez pour un séjour touristique, je vous recommande de loger près de la Citadelle d’Ankara (Kale). Vous pourrez ainsi visiter à pied le centre historique où se trouvent les principaux points d’intérêt. Si votre budget le permet, le très beau Divan Cukurhan, à l’entrée de la Citadelle est le top pour profiter d’une vue imprenable sur la ville et les montagnes alentours, dans un très très bon standing!

(en faisant vos réservations via la carte ci-dessus vous soutenez mon blog, alors par avance merci 😉)

Visiter Ankara en une journée

Je recommande à ceux qui le peuvent de consacrer un peu plus de temps qu’une journée pour visiter Ankara ainsi que ses environs. Mais si vous ne devez rester que sur Ankara, une journée est suffisante pour faire le tour des principaux attraits touristiques.

Voici donc mes recommandations pour bien visiter Ankara en une journée!

Le Musée des Civilisations Anatoliennes d’Ankara

Nous démarrons donc notre journée par la visite du Musée des Civilisations anatoliennes, qui est peut-être LE musée le plus intéressant de Turquie. Il n’est pas immense, mais c’est un musée archéologique de toute beauté et bien présenté. D’ailleurs, il a reçu en 1997 le prix du Musée Européen de l’année! Vous y verrez des pièces archéologiques surprenantes et bien différentes de ce que l’on peut voir par chez nous.

Car l’Anatolie a été le berceau de nombreuses civilisations, dont plusieurs dites « civilisations oubliées ». C’est le cas des Hittites ou des Phrygiens qui sont longtemps restés très mystérieux, et que l’on commence tout juste à comprendre.

Histoire du musée des Civilisations Anatoliennes

En préalable à la visite, il faut que je vous dise un mot sur le bâtiment qui abrite le musée des Civilisations Anatoliennes d’Ankara. Car c’est dans un ancien marché couvert ottoman – Bedesten – que le musée a été installé par Atatürk. C’est juste en contre-bas des murailles de la forteresse d’Ankara.

Ce Bedesten a été construit entre 1464 et 1471, par Mahmut Paşa, alors Grand Vizir de Mehmet le Conquérant (celui qui fait tomber Constantinople en 1453). On y vendait de la laine angora (le nom d’Ankara provenant de ces chèvres au poil long et soyeux, typiques de la région!).

laine mohair, de chèvre angora à Ankara, Turquie
laine mohair, de chèvres angora

Le Bedesten est formé d’un vaste rectangle surmonté de 10 coupoles et entouré de 102 petites boutiques (dont les cloisons ont aujourd’hui été supprimées).

Mitoyen au Bedesten, se trouve également une ancienne auberge – Han – qui abrite aujourd’hui les bureaux du musée (et qui malheureusement ne se visite pas).

En 1881, un incendie ravage ces deux beaux bâtiments ottomans, qui tombent alors en ruine.

Dès la fin de la guerre d’indépendance, en 1921, Atatürk lance l’idée d’un « musée Hittite ». Immédiatement, des vestiges de toute l’Anatolie sont rassemblés à Ankara et en 1938 une restauration du Bedesten et du Han est entreprise afin d’accueillir notre fameux Musée des Civilisations Anatoliennes. La restauration ne s’achèvera qu’en 1968, mais dès 1943, le centre du Bedesten peut ouvrir au public.

Que voit-on au Musée des Civilisations Anatoliennes?

J’ai tellement aimé ce musée que je lui dédierais bien un article à lui tout seul…

Mais pour vous en donner une idée, voici les principales collections que vous y verrez. Elles sont organisées par ordre chronologique (pas bête!) depuis la préhistoire jusqu’au Moyen-Âge :

  • Période Néolithique (autour de 6000 av.JC) : les fouilles du site préhistorique de Çatalhöyük au sud-est de Konya ont permis de reconstituer une habitation-type des premiers hommes sédentarisés. On est surpris par la décoration murale déjà très élaborée, les statuettes de la Déesse-mère et les récipients en forme d’animaux…
  • Période du Bronze ancien (3000-2000 av.JC) : les tombes royales d’Alacahöyük ont révélé des statuettes de cerfs et de taureaux en bronze, ainsi que les fameux disques solaires, mais aussi des bijoux et récipients en or… (site à proximité de Hattusa, dans les environs d’Ankara)
  • Période des Colonies marchandes Assyriennes (1950-1750 av.JC) : des vases rituels aux formes aussi incroyables que diverses telles que bateaux, animaux en tous genres – ou même chaussures! – ont été retrouvées, notamment à Kültepe.
  • Période Hittite (1750-1200 av.JC) : les fouilles de Hattuşa notamment, la capitale de l’empire Hittite ont mis au jour un grand nombre de tablettes en écriture cunéiforme, statuettes de dieux et bas-reliefs…
  • Période Néo-Hittite (1200-700 av.JC) : Les sites de Aslantepe et Karkémiş dans l’est de la Turquie, ont révélé des statues et hiéroglyphes hittites influencés par l’art assyrien et égyptien!
  • Période Phrygienne (900-330 av.JC) : C’est à Gordion, capitale de Phrygie, qu’à été fouillé le tombeau du Roi Midas et dont le trésor, retrouvé intact, est exposé ici! Ne manquez pas d’aller visiter ce tombeau en forme de tumulus dans les environs d’Ankara…

Informations pratiques pour la visite du Musée des Civilisations Anatoliennes

Le musée des civilisations anatoliennes d’Ankara n’est pas si grand que ce à quoi je m’attendais. Mais chaque pièce de la collection est remarquable! Comptez un peu moins de 2 heures pour en faire le tour.

L’entrée du Musée des Civilisations Anatoliennes coûte en 2020 : 36TL par adulte (gratuit avec le MuseumPass Turquie ou la MüzeKart+).

Il est ouvert tous les jours de 8h30 à 18h en hiver, et jusqu’à 19h en été.

La Citadelle d’Ankara

En ressortant du musée des Civilisations Anatoliennes, juste au-dessus en grimpant le chemin, vous atteignez l‘ancienne citadelle d’Ankara.

Son origine est byzantine ou peut-être même plus ancienne car la date n’est pas connue précisemment.

La visite de la citadelle est rapide. Il n’y a guère qu’une petite rue qui relie la muraille basse de la muraille haute. Mais c’est surtout l’occasion d’une petite pause déjeuner dans l’un des vieux konak – habitats traditionnels ottomans – aujourd’hui restaurés en… restaurants.

Citadelle d'Ankara, origine byzantine, konak traditionnels, Turquie
Dans la citadelle d’Ankara

Une fois le ventre plein (ou juste avant), ne manquez pas de gravir les dernières marches à l’arrière des remparts pour en atteindre le sommet. On peut ainsi se promener le long des remparts d’où la vue est bien dégagée sur la ville d’Ankara et sur les montagnes qui l’entourent. Très beau et surprenant panorama!

On observe notamment les quartiers de geçekondu, ces bidonvilles qui se construisaient en une nuit et qui sont aujourd’hui progressivement démolis en raison des risques d’effondrement. C’est tout un pan de l’histoire d’Ankara qui disparaît avec ces quartiers populaires qui ont poussé comme des champignons après la guerre d’indépendance et la création de la capitale, il n’y a même pas un siècle.

Ankara, vue des remparts de la citadelle d'origine byzantine, gecekondu en cours de destruction
Ankara, panorama depuis les remparts de la citadelle.
Vues depuis les remparts de la Citadelle d’Ankara

En redescendant, avant d’atteindre la ville moderne et bruyante avec ses larges avenues saturées de voitures, nous traversons les ruelles pittoresques et animées du quartier Samanpazari où se vend le mohair (la laine des chèvres angora). On remonte ensuite vers le nord-ouest, en longeant le bas de la citadelle, pour atteindre la place ou se trouve le temple d’Auguste.

Le Temple d’Auguste et la mosquée de Haci Bayram

Sur une même esplanade se jouxtent deux monuments bien différents.

  • Les ruines du Temple d’Auguste dont la construction date du 1er siècle et qui fût plus tard transformé en église byzantine (au 6ème siècle), puis brièvement en mosquée avant d’être abandonné. Soutenu par des échafaudages, le mur conserve l’inscription du testament (et éloges) de l’Empereur romain Auguste, en latin et en grec.
  • La mosquée et le tombeau – türbe – de Haci Bayram-i veli. Ce derviche, fondateur de l’ordre soufi des Bayramilik, est considéré comme un saint par les musulmans. De très nombreux pèlerins se rendent à son tombeau avec ferveur. Si bien que les rues alentours débordent de vendeurs d’ex-voto.
Temple d'Auguste à Ankara, site archéologique antique romain, Turquie
Derniers vestiges du Temple d’Auguste à Ankara

Lors de notre visite il y avait tant de monde sur cette esplanade que nous n’avons même pas pu visiter la mosquée, et encore moins le tombeau. Nous continuons donc notre chemin à pied vers les thermes romains (15 min de marche).

Les Thermes romains

Ces thermes romains sont bien difficiles à repérer, car en plein milieu de la circulation! Et je dois dire que l’on ne s’attendait pas à trouver un tel site archéologique ici. De tous les thermes que nous avons pu visiter en Turquie, ce sont les plus vastes. Alors bien-sûr, ils sont en ruine. Mais on aperçoit encore très bien tout le système de chauffage par le sol.

Thermes romains d'Ankara, vestiges antiques
Thermes romains

Construits au 3ème siècle, ils étaient reliés au Temple d’Auguste par une avenue à portiques, aujourd’hui disparue.

L’entrée aux thermes romains coûte en 2020 : 10TL par adulte (inclus avec la MüzeKart+ ou le MuseumPass Turquie).

A l’issue de cette rapide visite, nous sommes déjà au milieu de l’après-midi. Nous nous dirigeons maintenant vers le Mausolée d’Atatürk. Depuis les Thermes le mieux est de prendre un taxi.

Le Mausolée d’Atatürk – Anıtkabir

Décédé le 10 novembre 1938 à 9h05, le mausolée est inauguré en 1953 le jour du 15ème anniversaire de la mort d’Atatürk. Le cercueil, qui reposait temporairement au musée ethnographique est déplacé en grande pompe à Anitkabir.

Le Mausolée d’Atatürk est absolument énorme! Sur une surface totale de 700 000 m², le mausolée est construit sur un ancien tumulus phrygien. Il trône fièrement sur les hauteurs de la ville et on ne peut vraiment pas le louper!

Comptez au moins 1 heure pour visiter le Mausolée et son musée qui s’étend sous la surface. L’entrée est libre, mais attention à ne pas faire n’importe quoi car le lieu est sous bonne garde!

J’en profite pour rappeler 2 règles importantes à respecter en Turquie : le respect du drapeau turc et le respect d’Atatürk. Et j’insiste bien sur ce point là, car pour nous français, qui avons une culture plutôt rebelle vis à vis de nos dirigeants… c’est un vrai choc culturel! Vous le constaterez très vite, les turcs se rendent au Mausolée d’Atatürk avec une grande émotion et une grande fierté. Décédé il y a près d’un siècle, Atatürk reste le Père des Turcs, surtout pour ceux qui sont attachés à l’idée de laïcité.

Sens de la visite du mausolée d’Atatürk

Pour accéder au site du Mausolée vous avez deux possibilités.

  • Soit par la porte sud sur Akdeniz Caddesi. Vous aurez moins à marcher car l’accès est plus direct, mais c’est moins impressionnant.
  • Soit par la porte nord-est sur Gençlik Caddesi. Vous aurez un peu plus à marcher (10 minutes!), mais c’est l’accès que je vous conseille car elle traverse l’allée officielle.

Une fois au pied du Mausolée d’Atatürk, on grimpe donc une première volée de marches. Trois statues de femmes (dont l’une en pleurs) à droite et 3 statues d’hommes (un fermier, un soldat et un jeune « homme moderne ») à gauche vous accueillent, symbole du peuple turc en deuil.

On traverse ensuite l’allée des lions. Qui n’est pas sans rappeler l’allée des béliers à Louxor en Egypte… Même si ces lions-là sont plutôt de style Hittite! Vous remarquerez une chose assez marrante, c’est que les dalles de cette allée sont très mal fichues. Trop ou pas assez espacées, on n’arrive pas bien à caler son pas. Et c’est tout à fait normal et même volontaire! Car pour cette raison vous êtes obligé de regarder vos pieds en avançant vers le tombeau tête courbée. Un signe de respect pour le Grand Homme que fût Atatürk!

Une fois sur la vaste esplanade, lieu des cérémonies d’hommage, vous êtes entouré de ces colonnades qui s’ouvrent vers la ville. Face à vous, l’entrée du musée. Et sur votre gauche, les marches qui montent vers le sarcophage.

Juste avant de monter, regardez les reliefs qui ont été sculptés sur les murets de chaque côté. A gauche est figuré Atatürk, Commandant en chef, et à droite la Bataille de la Sakarya.

En haut des marches, sur les murs extérieurs de la salle d’honneur, remarquez deux textes gravés. Si vous ne parlez pas turc, ce sont les transcriptions du discours d’Atatürk à la Jeunesse (sur la gauche) et le discours d’Atatürk pour les 10 ans de la République (à droite). Sur ce dernier vous verrez notamment le fameux « Ne mutlu Türküm diyene! » qui peut se traduire par « Comme il est heureux celui qui se dit je suis Turc! ».

Au fond de la salle d’honneur, le cénotaphe d’Atatürk est en porphyre rouge (comme celui des empereurs byzantins, dont les derniers vestiges sont exposés au musée archéologique d’Istanbul).

De l’autre côté de la cour, se trouve un deuxième tombeau, bien plus modeste. Celui d‘Ismet Inönü, décédé en 1973. Il était l’ami, compagnon d’armes et successeur d’Atatürk au poste de Président de la République de Turquie.

Enfin, ne ratez pas la relève de la garde qui se fait assez régulièrement sur la cour d’honneur. Une belle démonstration de la rigueur militaire qui impressionne toujours!

Visitez ensuite le musée (gratuit) qui s’étend sous la surface de la cour d’honneur et dans les salles autours. Tout y est bien-sûr à la gloire du grand leader et de la République. Le nationalisme turc tourne à plein en ces lieux, ce qui peut être un peu oppressant à la longue. Personnellement, moi qui aime beaucoup les animaux, j’ai trouvé un poil too much le chien empaillé d’Atatürk qui se décline même en médailles, en vente dans la boutique souvenirs!

A lire avant d’aller à Ankara

Voici un roman que vous pouvez lire pour découvrir un peu mieux l’histoire d’Ankara, jeune capitale de la République de Turquie. Il s’agit de :

Quand aux guides de voyages, Ankara n’étant pas une destination très touristique, vous ne trouverez pas beaucoup d’infos. Je vous invite donc à consulter mon article sur quel guide choisir pour connaître les quelques rares éditions qui parlent d’Ankara et de ses environs.

Que voir autour d’Ankara?

Si la visite d’Ankara est très vite faite (en 1 journée), vous pouvez tout de même en profiter pour rayonner autour d’Ankara ou poursuivre votre périple en vous rendant sur plusieurs sites alentours.

Visites possibles sur une journée, aller et retour inclus depuis Ankara :

  • Le tombeau du Roi Midas à Gordion, capitale de l’ancienne Phrygie, à 1h30 de route vers le sud-ouest.
  • Safranbolu, une ville ottomane de la région de la Mer Noire, à 2h30 de route vers le nord.
  • Hattusa, l’ancienne capitale des Hittites, à 2h30 de route vers l’Est.

Visites nécessitant au moins 1 nuit sur place, autour d’ankara :

  • La Cappadoce, à 3h30 de route vers le sud-est. On lui consacre au moins quelques jours!
  • Konya, la ville de Rumi et des derviches tourneurs, à 3h de route vers le sud.

Nous avons ainsi visité Ankara sur un long week-end de 4 jours, en incluant la visite de Safranbolu sur le trajet d’Istanbul à Ankara. Une journée a suffit pour la visite complète d’Ankara. Nous avons ensuite consacré une journée pour une visite de Hattusa et des principaux sites Hittites. Et le 4ème jour, nous avons visité Gordion et le tombeau du Roi Midas sur le chemin du retour vers la station de ski d’Uludag.

Un très bon week-end, un peu froid car en février 2020, mais supportable. Et surtout, nous ne savions pas à ce moment-là que nous profitions de nos derniers instants de « liberté avant le cataclysme du Covid-19 qui allait nous confiner pendant de longs mois à Istanbul…

Alors, maintenant que le plus dur de la crise sanitaire est passé, j’espère que cet article vous motivera à repartir en voyage et faire de belles découvertes. Car Ankara et ses environs ont bien plus à offrir que ce que l’on pourrait penser!