15 mars 2020 – 15 mars 2021

Joyeux anniversaire, doğum günün kutlu olsun! Soufflons ce 1er anniversaire avec optimisme car, si l’amie Covid est toujours présente à Istanbul, on peut quand même entrevoir la lumière au bout du tunnel. Il y a 1 an tout juste, nous basculions à Istanbul, comme à peu près tout le reste du monde, dans une période, comment dire … merdique!

Une longue année d’angoisse, de séparations, de solitude. Mais une année qui nous a fait vivre des moments forts, uniques, inoubliables.

Une année qui n’a pas été facile non plus pour ce blog, comme pour tous les acteurs du tourisme. Un secteur durement touché par la crise sanitaire, et qui je l’espère peut désormais remonter la pente, doucement, mais sûrement.

Une année qui m’aura quand même permis de voir Istanbul comme jamais je n’aurais cru possible. Une Istanbul vide de monde, ses rues désertes, ses commerces fermés. Finis les Kahvalti du dimanche, les pause çay au soleil d’une terrasse de restaurant, les bons soins du hamam entre copines, … une année à naviguer entre confinement, couvre-feu et gestes barrières.

Cet article est donc pour moi l’occasion de remonter le fil de cette année pas comme les autres. Et de partager avec vous ces photos presque irréelles d’Istanbul, au temps du Covid…

Mars 2020 : Notre monde bascule dans l’inconnu.

Début mars, nous étions encore, insouciants en train de skier à Uludağ en se disant que c’était dingue ce qui se passait en Chine et désormais en Italie. Mais que bien-sûr, jamais la Turquie ne pourrait confiner ses habitants. Jamais!

Malgré tout, on entend parler ici et là de premiers cas de malades du Coronavirus à Istanbul et Ankara (à l’époque on n’avait pas inventé le nom de la maladie Covid-19!).

Et puis brutalement, le 13 mars, les autorités annoncent la suppression de tous les vols avec effet dès le lendemain matin. Sensation que les grilles se referment sur nous. Il faut en urgence se décider à « fuir » ou rester, sans vraiment comprendre ce qu’il se passe. Beaucoup d’expatriés, comme nous, choisissent de rester. Les touristes doivent prendre les derniers vols ou poser leurs valises pour un temps indéterminé…

Les bureaux des compagnies aériennes sont prises d’assaut, pour se faire rembourser, trouver un autre vol, passer par d’autres correspondances.

Les rues se vident. Je slalom entre les rares passants avec la boule au ventre, pour aller chercher un stock de livres qui occuperont mes prochains mois…

J’entends des gens tousser, je vois passer les ambulances qui se rendent à l’hôpital voisin, je croise des ambulanciers en combinaison de cosmonaute … on se croirait dans un film de science-fiction! Je fais une crise d’angoisse. J’écris mon article Journal d’une confinée pour évacuer cette tension et tenter de positiver.

confinement Itanbul Turquie coronavirus covid19
Journal d’une confinée à Istanbul! 😉

Le soir, on se met au balcon pour applaudir les blouses blanches. On constate que les appartements se sont vidés dans les immeubles d’en face. Ceux qui l’ont pu se sont échappés d’Istanbul. Il est maintenant interdit de quitter la ville!

Les habitants ont le droit de sortir travailler, mais tous les commerces et restaurants sont fermés. Et surtout, les enfants de moins de 20 ans et les personnes âgées de plus de 65 ans n’ont plus le droit de mettre un pied dehors. Pendant près de 3 mois, mes enfants ne verront pas le moindre rayon de soleil sur leur peau pâlichonne… Pour ma part, je vais devoir prendre l’habitude de les laisser seuls à la maison le temps d’une course (ou d’une promenade!). C’est qu’ils vont gagner en autonomie ces petits!

Les rues d’habitudes embouteillées sont vides, à l’exceptions d’ambulances que l’on regarde passer avec angoisse et dans un silence de mort.

rues désertes et ambulance à Tophane Istanbul pendant confinement covid
au carrefour de Tophane d’habitude embouteillé

Les transports en commun sont devenus des transports individuels, comme ici dans le tramway qui m’emmène vers Sultanahmet.

tramway Istanbul vide
Le Tramway est vide

Cette fameuse place Sultanahmet qui est incroyablement vide… personne devant Sainte-Sophie, personne devant la Mosquée Bleue, les autorités fermeront même l’accès à l’hippodrome.

mosquée bleue sultanahmet istanbul
mosquee bleu sultanahment istanbul hippodrome
Sainte-Sophie pendant le confinement istanbul turquie

Les pêcheurs, indissociables du pont de Galata ne sont plus autorisés à venir, ce qui laisse les mouettes pantoises.

goéland sur le pont de Galata istanbul d'habitude avec des pêcheurs
Pont de Galata sans ses pêcheurs

Les brigades de désinfection aspergent les rues de leur pchiiit pchiiit. Ca semble dérisoire, mais ça rassure.

désinfection brigade anti-covid bazar aux fleurs Istanbul Turquie
pendant confinement
Désinfection devant le bazar aux fleurs

Plus un chat – ou presque – sur l’avenue Istikklal.

avenue istiklal istanbul pendant confinement avec chat
avenue istiklal vide pendant confinement istanbul crise covid

Avril 2020 : début du couvre-feu les week-end et jours fériés

Et puis un vendredi soir du 9 avril, à 23h30, le Président de la République annonce un couvre-feu total qui commence à minuit jusqu’au lundi suivant. Les gens se ruent en panique dans les rues pour acheter de quoi tenir le week-end. Un paquet de chips, de l’eau, des bières, les croquettes du chat! Istanbul découvre le confinement qui aura lieu chaque week-end et jour-férié (et merci pour les ponts du mois de mai qui ont été un enfer en 2020!).

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La queue dans les rues de Cihangir à l’annonce du couvre-feu

Les tulipes fleurissent cette année à l’abris des regards… Pour la 2ème année consécutive le festival des tulipes d’Istanbul n’aura pas lieu (en 2019, c’était à cause de l’annulation de l’élection municipale. Décidemment, le nouveau maire est un chat noir!)

Parc Gülhane, Istanbul, fermé pendant le confinement covid
Les portes closes du parc Gülhane…

Les grandes fêtes nationales comme le 23 avril, les gens ne peuvent plus se retrouver, mais c’est la fête qui vient à eux, avec ces bus de la ville qui circulent musique à fond! Les rares habitants encore présents à Istanbul sont tous aux fenêtres. On se regarde depuis plusieurs semaines maintenant en échangeant des regards complices, de ceux qui partagent la même galère et la même émotion.

Le mois de Ramadan commence et se fera lui aussi confiné…

Le Kapali Carsi n’a jamais aussi bien porté son nom. En effet, le Grand Bazarmarché fermé en turc – restera porte close pour la première fois de son histoire. Cette ville dans la ville n’a pas été épargnée par le Coronavirus qui y est arrivé probablement suite au grand salon de la mode à Milan, d’où sont revenus plusieurs commerçants en février dernier.

portes du grand bazar istanbul fermée pendant le confinement covid
Portes closes du Grand Bazar

Les ruelles d’Eminönü, entre le Grand Bazar et le Bazar Egyptien, sont elles-aussi vidées de leur vie. Que c’est triste ces rideaux baissés. On ne reconnait plus les rues.

rues grand bazar istanbul pendant confinement
rues grand bazar istanbul pendant confinement
rues grand bazar istanbul pendant confinement
rues grand bazar istanbul pendant confinement

Les passages souterrains autour du pont de Galata sont devenus glauques…

passage souterrain sous Eminonu pendant le confinement Istanbul
passage souterrain d’habitude bondé!

Avec la crise économique qui ne va pas s’arranger, les banques sont prises d’assaut.

queue devant les banques à Istanbul pendant le confinement Covid

Les parcs de la ville ne sont plus autorisés aux rassemblements. Finis les traditionnels pique-niques familiaux du dimanche. La police veille à faire respecter la règle, … enfin elle fait ce qu’elle peut.

police dans un parc à Istanbul pendant le confinement Covid

Mai 2020 : L’espoir d’un retour à la vie normale …

Le 1er mai, on a eu le droit nous aussi au Bella Ciao à nos balcons. Ce qui ne fût pas du goût de tous…

Le 11 mai, les coiffeurs ont a nouveau le droit d’ouvrir! Mon mari est passé entre les mains de son barbier et y a laissé sa barbe de 2 mois! (On aurait dit qu’il se préparait pour le remake de The revenant!) C’est qu’il est temps d’arrêter le télétravail.

barbier istanbul turquie pendant confinement covid, jour de réouverture

13 mai 2020, aujourd’hui est un jour mémorable. Pour la première fois depuis le 15 mars, les enfants ont le droit de sortir de la maison! La permission n’est que de quelques heures (de 11h à 15h) une fois par semaine. Mais Oh-My-God quelle libération! L’émotion est intense, on en a tous les larmes aux yeux en descendant la rue face au soleil. C’est parti pour une promenade de 3 heures en trottinette (enfin, avant on s’arrête chez le coiffeur : eux aussi avaient un besoin urgent de se faire dégager les oreilles!).

première autorisation de sortie pour les enfant après confinement Covid Istanbul Turquie

On prend le vapur qui traverse le Bosphore. Pour leur première sortie, autant changer de continent! Allons nous promener en Asie dans le quartier de Kadiköy / Moda.

kadikoy istanbul rive asiatique pendant confinement covid devant embarcadère
kadikoy istanbul rive asiatique pendant confinement covid

C’est le printemps, et pour la première fois depuis la nuit des temps, des petits chatons nouveau-nés s’aperçoivent qu’en fait, il y a des humains dans leur ville!

chaton istanbul derrière un grillage pendant confinement covid

Juin 2020 : Réouverture des restaurants

Le 1er juin, les restaurants rouvrent. Désormais, plus de couverts lavables, mais du tout jetable. Le plastic c’est fantastique, mais quand même… et – j’adore – à côté de la salière, du poivrier et du sucrier, désormais trône … le gel désinfectant! Faudra pas se tromper!

Distribution de gel et de masques à l’entrée des magasins mais aussi des grandes rues commerçantes comme ici à Istikklal.

distribution en gel hydroalcoolique et masques sur la rue Istiklal à Istanbul Turquie pendant Covid

Le Grand Bazar rouvre ses portes mais reste désespérément vide. Les touristes manquent à l’appel… certaines boutiques ne rouvriront probablement pas. Pourtant nos commerçants favoris gardent le sourire en nous accueillant chaleureusement! Bulent, Tarkan, Florence, … n’hésitez pas à aller les voir de ma part!

Le vieux tram d’Istikklal reprend du service. Ca fait plaisir.

A compter du 9 juin, les enfants ont le droit de sortir tous les jours. Youpi, leur confinement est fini! (enfin, pour l’instant!). Pour les plus de 65 ans, encore un peu patience, mais ils peuvent désormais sortir tous les jours de 10h à 20h.

Enfin, le 14 juin les vols reprennent tout doucement et les touristes sont les bienvenus, d’autant qu’il n’y a plus de quatorzaine obligatoire à leur arrivée en Turquie.

Les monuments rouvrent également. L’occasion de retrouver Sainte-Sophie qui m’a tant manquée. A ce moment-là, je ne le sais pas encore, mais c’est la dernière fois que je profite de ses somptueuses mosaïques et de la vue grandiose depuis le balcon de l’impératrice. Car, coup de tonnerre, le musée est reconverti en mosquée, privant le visiteur d’une partie de sa splendeur. La fin d’une époque… même Gli, le célèbre chat de Sainte-Sophie dont je vous parlais dans mon article, décède quelques semaines plus tard.

Dans les bons côtés de cette crise sanitaire, il y a la nature qui reprend ses droits. Les dauphins s’en donnent à cœur joie cette année! Déjà en temps normal il n’est pas rare d’en voir barbotter dans le Bosphore ou la mer de Marmara. Mais cette année avec la réduction drastique des bateaux, c’est un festival!

Juillet 2020 : un été presque comme un autre, mais sans touristes!

Habituellement, c’est l’été que l’on rentrait en France faire un coucou à la famille. Vu le contexte, c’est donc en Turquie que nous passons nos vacances. Et on en a bien profité! Car les stations balnéaires restent désespérément vides, ce qui fait que l’on se croirait en basse saison alors que la mer est à 30°C.

L’occasion était trop belle, nous avons organisé plusieurs petits séjours, à Datça pour une semaine de kite-surf et de snorkeling au milieu des tortues, à Kas pour le farniente au paradis, à Izmir pour passer saluer des copains, et un petit arrêt à Pamukkale pour faire des super photos souvenir dans des conditions idéales…

Août 2020 : C’est parti pour le coton-tige dans le nez!

Le 1er août 2020 entre en vigueur une nouvelle mesure sanitaire pour les voyageurs en provenance de Turquie et qui arrivent sur le sol Français : le test PCR!

Septembre à Décembre 2020 : la deuxième vague

Je suis rentrée en France avec les enfants pour leur permettre de suivre une scolarité « normale », autrement dit en présentiel. Les enfants en Turquie sont toujours privés de contacts sociaux avec l’école qui se fait en ligne depuis le mois de mars 2020…

Du coup, cette année scolaire se fera loin de papa qui est resté travailler à Istanbul. Vivement les vacances que l’on aille le retrouver, tant que c’est encore possible!

L’automne est une petite réplique du printemps à Istanbul, même si l’on n’y subit pas de confinement aussi dur. Couvre-feu nocturne et du week-end font leur grand retour le 31 novembre, épargnant toutefois les touristes qu’il ne faut pas décourager. Les restaurants rebaissent le rideau jusqu’au début du printemps 2021…

Le 28 décembre, le test PCR devient également obligatoire pour les voyageurs qui arrivent sur le sol Turc.

Janvier à mars 2021 : Souhaitons-nous une bonne année!

Tout le monde est heureux de dire adieu à l’année 2020! Bien que les mois se suivent et se ressemblent, une petite nouveauté vient frapper les voyageurs et expat français : le fichu « motif impérieux » qui doit limiter nos déplacements depuis et vers la France.

Pour les familles qui comme nous sont séparées par la crise sanitaire, cela signifie que l’on ne se reverra pas avant longtemps. L’attente devient pénible.

Heureusement que nous avons aussi de bonnes nouvelles. La vaccination a commencé en France, comme en Turquie – plus ou moins rapidement – et nous laisse enfin entrevoir la lumière au bout du tunnel!

Les tulipes bientôt refleuriront dans les parcs d’Istanbul, et j’ai bon espoir de pouvoir les voir. Pas vous?