Lorsque mon fils était en grande section de maternelle, sa maîtresse l’a fait travailler sur la ville d’Istanbul et ses monuments. Et il me parlait tout le temps de la Tour de Galata et de la Tour de Beyazit… Dès que l’on se promenait, il me disait « maman c’est où la Tour de Beyazit? c’est où la Tour de la Galata? » Alors, voilà, l’idée d’une nouvelle série d’article est partie de là…

Si je devais schématiser Istanbul, je découperais la ville en 3 grosses pièces de puzzle avec pour chacune une tour emblématique, de caractère et de légendes… Grimpons ensemble dans l’une de ces tours : la Tour de Galata sur l’Istanbul européenne et moderne. Et en cadeau, je vous offre non pas 2 mais 3 tours incontournables avec les articles suivants sur : la Tour de Beyazit dans le vieux stamboul, et la Tour de Léandre sur la rive asiatique d’Istanbul.

Tour de Galata : dans l’Istanbul européenne moderne

La Tour de Galatagalata kulesi – se situe sur le continent européen au nord de la Corne d’Or, dominant l’actuel quartier de Karaköy – anciennement appelé Galata – relié au vieux Stamboul par le pont de Karaköy/Galata.

Histoire de la Tour de Galata

L’occupation de cette colline, remonte au moins au 5ème siècle par les byzantins. Au début, il ne s’agissait que d’un petit bourg, hors des remparts de Constantinople qui constituait le grenier immédiat de la cité avec ses verts pâturages et ses vaches – l’une des nombreuses hypothèses sur l’origine de son nom viendrait de gala, signifiant « lait » en grec ancien.

Petit à petit, Galata s’urbanise. Une première tour est construite par les Byzantins, que l’on confond souvent avec l’actuelle Tour de Galata. Cette ancienne tour donc, portait le nom de Grande Tour – Megalos Pyrgos et se trouvait plus bas, à l’embouchure de la Corne d’Or. Elle servait notamment de point d’ancrage à une chaîne flottante qui, reliée aux murailles de Constantinople permettait de fermer l’entrée de la Corne d’Or (ce qui était bien pratique, il faut le dire pour tenir les bateaux ennemis à l’écart). Malheureusement cette première tour a été détruite en 1204 lorsque les chevaliers de la 4ème Croisade ont pillé et mis à sac Constantinople (drôle de croisade qui n’avait plus rien d’une mission divine!). Pour info, on peut encore voir un morceau de la chaîne au musée archéologique d’Istanbul et une autre, plus tardive au musée militaire dans le quartier de Harbiye! Depuis peu, on peut même en voir un morceau dans la Tour de Galata, la nouvelle!

Quelques années plus tard, en 1267, alors que l’empire byzantin est déjà bien affaibli, celui-ci s’allie avec les Génois a qui il octroie la possibilité d’installer une colonie génoise sur Galata. En échange les Génois s’engagent à aider Byzance contre les nombreux ennemis convoitant Constantinople (notamment Latins et Vénitiens). Petit à petit l’oiseau fait son nid… les Génois dépassent largement la concession initiale, en construisant des remparts au-delà même de la limite qui leur était accordée (où y’a de la Gênes, y’a pas de plaisir! ). Ils construisent en 1348 à son sommet, une tour qu’ils appellent la Tour du Christ – Christea Turris. C’est celle-ci que l’on visite encore aujourd’hui à Istanbul!

Un siècle plus tard, en 1453 lorsque les Ottomans manœuvrent pour assiéger Constantinople, les Génois laissent faire… et s’assurent ainsi leur tranquillité de voisinage avec les nouveaux occupants. Ils signent un traité de soumission avec le Sultan Mehmet II « pour pouvoir garder leurs établissements de commerce« .

Après la chute de Constantinople et durant toute la période ottomane, le quartier reste celui des latins et autres minorités : juifs, arméniens, grecs et autres étrangers occidentaux. Bien que les remparts de Galata aient été démolis dès les années 1870 (des vestiges sont visibles ça et là), cette tour génoise a été conservée et restaurée avec quelques modifications de toiture.

Elle a été utilisée successivement comme observatoire contre les incendies, prison, observatoire astrologique. Dernièrement, elle était occupée par un restaurant panoramique de la chaîne Beltur (cuisine quelconque), mais il était possible de monter au sommet pour admirer la vue. Depuis octobre 2020, la Tour de Galata est devenue un musée national. Exit le restaurant, place à une jolie maquette de la ville!

Clairement, la Tour de Galata est l’un des monuments incontournables et un symbole d’Istanbul !

Description de la Tour de Galata

Tour génoise de Galata à Istanbul et street art
Tour de Galata

Cette tour cylindrique culminant à près de 67m, est construite sur 9 étages avec une terrasse panoramique à environ 51m à laquelle on accède par un ascenseur, puis quelques volées de marches.

Juchée sur la colline de Galata à 35m au-dessus du niveau de la mer, elle a longtemps été le plus haut monument d’Istanbul.

La vue à 360° y est superbe! Mais vous ne serez pas les seuls, alors armez vous de patience pour pouvoir faire votre selfi avec vue sur la pointe du sérail et l’entrée du Bosphore!

Légende de la Tour de Galata

En visitant la Tour de Galata vous entendrez parler de l’incroyable exploit d’un certain homme-oiseau du nom de Hezârfen Ahmed Çelebi

Ce Leonard de Vinci ottoman, avait inventé des ailes, avec lesquelles il entreprit de voler. Il s’élança du sommet de la Tour de Galata pour rejoindre Üsküdar sur la rive asiatique d’Istanbul, en survolant le Bosphore sur environ 3,5km.

Son pari fût semble t-il réussi et l’événement fit grand bruit. Le Sultan de l’époque, Murad IV aurait souhaité le féliciter mais sous l’influence de ses conseillers, qui devaient juger l’exploit contre-nature, il décida plutôt de l’exiler en Algérie (à l’époque, territoire de l’empire ottoman)! Il y mourut assez jeune à l’âge de 31 ans.

Le récit de cet exploit est aujourd’hui remis en question car des études auraient démontré l’impossibilité de voler avec les ailes que Çelebi s’était confectionné. Alors, réalité ou légende…?

En tous cas, une petite animation numérique dans la Tour de Galata, en redescendant, vous présente Çelebi. Vous pourrez même tenter l’exploit du vol au-dessus du Bosphore!

Visiter la Tour de Galata à Istanbul

L’entrée de la Tour de Galata est payante (30TL/adulte en 2020) mais incluse avec la Muzekart+ ou le Museumpass.

On y accède en 5min à pied depuis l’arrêt de métro M2 Şişhane ou le funiculaire Tünel.

Dans cet article, je vous ai raconté l’une des explications possibles de l’origine du nom de « Galata ». Mais connaissez-vous d’autres hypothèses ? Si vous avez des idées, exprimez les en commentaire de cet article !