Voilà une expérience originale que de pénétrer dans l’univers du « Musée de l’innocence » – Masumiyet Müzesi dont le nom ne saurait vraiment trahir le contenu, ni même la définition. Car s’il s’agit bien d’un musée d’Istanbul, c’est avant tout un roman. A moins que ce ne soit l’inverse…
En effet, Le Musée de l’Innocence c’est tout un concept… qui séduira les plus romantiques d’entre vous (autant dire que pour les enfants, c’est sans intérêt…!).
Lire le roman d’Orhan Pamuk
Vous devrez d’abord lire le roman éponyme d’Orhan Pamuk, écrivain Turc par excellence (prix Nobel de Littérature 2006, excusez du peu!). L’occasion de se plonger dans le Stamboul des années 70-80 pour lequel Orhan Pamuk nous fait sentir son profond attachement. C’est là que se déroule l’histoire de Kemal et Füsun, une tragédie amoureuse non pas grecque mais bien turque.
L’amour impossible entre cet héritier de la jeunesse dorée et sa cousine éloignée, petite vendeuse au caractère bien trempé, nous est conté par Kemal lui-même, à travers la plume d’Orhan Pamuk. Durant de longues années, celui-ci se languira de son amour perdu et apprendra à se consoler par en subtilisant des objets appartenant à sa belle. Objets aussi insolites que des mégots de cigarettes, des chiens en céramique, ou une boucle d’oreille en forme de papillon, par laquelle sa collection commence …
Chacun de ces objets nous est raconté tel un fragment de la vie stambouliote où aspirations occidentales et traditions se télescopent.
Alors, ne le cachons pas, ce roman n’est pas toujours des plus faciles à lire (même traduit en français ;-)) car certains chapitres sont de longs pavés narratifs et mélancoliques à la limite du soporifique… Néanmoins, gardez courage car au bout du compte, après avoir refermé son livre à la dernière page, on a le sentiment que l’épreuve était nécessaire. Que cela aurait même été indélicat de ne pas offrir plus de notre temps à Kemal, lui qui est devenu maître dans l’art de la patience.
Comme pour mieux comprendre cette douce souffrance qui anime notre héros et dépasser le sentiment de gêne que l’on peut éprouver face à ses troubles de cleptomanie et de fétichisme. Car finalement, le secret d’une vie heureuse n’est-il pas d’avoir aimé?
Vous pourrez vous procurer le livre Le Musée de l’Innocence d’Orhan Pamuk à la Médiathèque de l’Institut Français d’Istanbul, ainsi que dans toute bonne librairie ou directement en ligne en suivant le lien ci-dessous 😉
Visiter le Musée de l’Innocence à Istanbul
La gorge encore serrée, après le point final de cette histoire, vous pouvez vous diriger vers la rue Çukurçuma, avec votre livre sous le coude. Car celui-ci vous permet d’accéder gratuitement au Musée! Un ticket d’entrée est imprimé dans l’un des derniers chapitres! ingénieux non?!!.
Vous pouvez louer un audioguide à l’entrée, pour 5TL avec commentaires en turc ou en anglais. Malheureusement, pas encore d’audioguide en français, dommage. Mais je vous encourage à le prendre, même si vous n’êtes pas totalement fluent en anglais ou en turc, car l’expérience sensorielle passe aussi par là!
A l’intérieur de ce vieux konak (immeuble traditionnel turc) réaménagé en musée, sous son éclairage tamisé, vous découvrez un ensemble de petites vitrines. Une pour chaque chapitre du livre. Elles sont présentées et organisées comme des scénettes de théâtre. Y sont mis en scène bon nombre de ces petits objets du quotidien stambouliote, évoqués tout au long de ces pages et minutieusement collectés par Kemal …
A moins que ce ne soit par Orhan? Car on ne sait plus à la fin qui du héros ou de l’auteur nous raconte son histoire?… Roman de fiction ou autobiographie? … Le lecteur aura maintes fois l’occasion de se poser la question …
Et vous, quel est votre sentiment???
Le Musée de l’Innocence est situé dans la rue Cukurcuma, Beyoglu, Istanbul. Il est facilement accessible depuis la station de métro M2 Sishane ou le tramway T1 Tophane.
Pour retrouver d’autres idées de lectures, je vous invite à découvrir ma sélection de romans sur Istanbul et la Turquie. Car vous le constaterez, il y a un grand nombre d’auteurs turcs, français ou étrangers à avoir été envoûtés par le décors et les nombreux siècles d’histoire qui ont fait Istanbul!
22 mai 2017 at 6 h 57 min
Cool. Ça donne envie d’y aller. Merci.