Notre road-trip se poursuit à Mardin, en Turquie orientale, près de la frontière syrienne. Pour ceux qui ont raté le début de l’aventure, nous avons commencé notre petit circuit d’une semaine à Gaziantep, puis Sanliurfa. Nous arrivons à Mardin à la fin de la 3ème journée, et nous y séjournerons 2 nuits (il faut au moins ça pour visiter Mardin et ses environs!).
Pour une visite optimisée de Mardin et ses environ, il est possible de consacrer :
- une journée pour visiter à pied le centre historique de Mardin
- une journée pour visiter en voiture les environs de Mardin : les 2 principaux monastères syriaques et la cité de Dara
Se rendre à Mardin
Il est possible de se rendre à Mardin directement depuis Istanbul par un vol interne. L’aéroport se trouve à environ 20 minutes du centre de Mardin.
Quant à nous, nous arrivons en voiture depuis Sanliurfa, en fin d’après-midi. C’est tout de même un peu compliqué d’accéder en plein centre où se situe notre hôtel, car les rues sont étroites et en sens unique. Donc, le mieux est de se garer sur un parking et de finir à pied! Et je vous préviens, ça grimpe!
Ah, oui, j’oubliais de vous dire, Mardin est une citadelle littéralement accrochée, voire intégrée au flan de la montagne. Construite avec les pierres ocres locales, les bâtiments se fondent dans le décors et prennent des teintes dorées au coucher du soleil.
La récompense qui attend les visiteurs de Mardin, c’est cette vue sur la la mythique Mésopotamie, berceau des civilisations, qui s’étend à l’horizon…
Se loger à Mardin
C’est dans une très belle demeure que nous séjournons : le Old City Mardin. Le centre historique ne manque pas de ces petites pensions à l’architecture typique de Mardin. Le charme opère tout de suite…
Nous profitons de notre soirée pour un premier aperçu des monuments de Mardin, et de cette architecture fabuleuse. Les pierres ocres, joliment sculptées se fondent parfaitement dans le décors et flamboient au coucher du soleil (je sais, je l’ai déjà dit, mais c’est trop beau).
Visiter les environs de Mardin : Les monastères syriaques et la cité de Dara
Après une bonne nuit de sommeil, et un petit déjeuner sur le toit-terrasse de notre hôtel, nous voilà déjà en route pour une première visite aux portes de Mardin : Le monastère Mor Hananyo ou Deyrulzafaran.
Pour bien comprendre ce territoire, il est nécessaire de se rappeler que Mardin et ses environs ont une histoire fortement emprunte du christianisme. Vous y rencontrerez une population de chrétiens d’Orient que l’on appelle Syriaques. Ces derniers parlent entre eux l’araméen, c’est à dire la langue de Jésus Christ. Et c’est donc une terre très riche en églises et en monastères, toujours actifs.
Monastère Mor Hananyo ou Deyrulzafaran
Le Monastère Mor Hananyo – qui signifie Saint Ananias – est aussi appelé en turc Deyrulzafaran – monastère du safran. Je n’ai pas bien compris si l’on y cultivait le safran ou si c’est simplement pour la couleur safranée de la pierre.
Le monastère ne se situe qu’à 15 minutes de la ville de Mardin, mais en arrivant vous vous sentez vraiment seul au monde, dans un paysage de collines arides. Aucune autre construction humaine à l’horizon. Vous voilà prêt pour la méditation!
Comment se passe la visite d’un monastère syriaque?
Nous sommes ici dans un monastère syriaque orthodoxe (quelques rares sont syriaques catholiques). La visite est possible, mais le monastère étant toujours occupé par des prêtres, il y a certaines règles qui s’imposent.
Tout d’abord, l’entrée est payante (15TL par adulte) et la visite ne se fait qu’en petit groupe accompagné d’un guide syriaque, qui ne parle en général que turc. Mais même si vous ne comprenez pas tout ce qu’il raconte, le principal se passe de commentaire. Vous admirerez l’architecture et la sérénité du lieu.
Qui était ce Saint-Ananias?
Si le nom d’Ananias vous évoque les fruits des îles tropicales, vous n’y êtes pas du tout. Il faut reconnaitre qu’il n’est pas le personnage le plus connu de la Bible. Pourtant, il a joué un rôle clé auprès de l’Apôtre Paul. Paul s’appelle alors Saul. C’est un juif originaire de Tarse qui ne supporte pas ces nouveaux adeptes d’un messie ressuscité. Saul aurait même la fâcheuse tendance à les persécuter…
C’est alors qu’Ananias, l’un de ces juifs convertis, entend la parole divine qui le conduit à Saul. Ananias lui impose les mains sur les yeux. A cet instant, Saul reçoit « l’illumination » et se met à prêcher le christianisme. Il se fait désormais appeler Paul, et voyage dans tout l’empire Romain, où il convertit juifs et païens à la nouvelle religion. Il finit ses jours à Rome en martyre de l’Empereur Néron.
L’histoire du monastère Mor Hananyo ou Deyrulzafaran
L’origine du site est très ancienne car initialement se tenait ici un temple dédié au culte du soleil. Un premier monastère s’y est établi vers le Vème ou VIème siècle. Mais après les aléas du temps, c’est en 1125 qu’il est reconstruit tel que nous le voyons aujourd’hui.
Son importance tient au fait qu’il a abrité le siège du Patriarcat Syriaque pendant plus de 6 siècles (de 1293 à 1924).
Dans les tombes du sous-sol, reposent les corps de 52 patriarches syriaques.
La cité antique de Dara
En ressortant de ce premier monastère, nous nous dirigeons vers un site encore très confidentiel. Il s’agit de la cité antique de Dara, ouverte aux visites seulement depuis quelques années.
Pour l’atteindre, il nous faut continuer la route en direction de la frontière syrienne (30 km au sud-est de Mardin).
Lors de cette visite de Dara, nous découvrons notamment une nécropole romaine creusée dans la roche et des citernes presque féériques…
Mais je ne vous en dis pas plus. Si vous êtes suffisamment curieux, vous pouvez retrouver plus de détails dans mon article sur la cité de Dara. 😉
Après une petite demi-journée consacrée à Dara, nous remontons vers Mardin en passant par Midyat.
Monastère Mor Gabriel à Midyat
En poursuivant notre route de Dara vers Mydiat, nous longeons de très près la frontière syrienne. C’est le point le plus proche de la Syrie de tout notre voyage dans le sud-est de la Turquie. Et c’est assez impressionnant de voir à moins d’un mètre les barbelés et le double-mur surveillé par l’armée. Ceci-dit, on ne sent pas de danger particulier. La situation est aujourd’hui redevenue très calme.
Après une heure de route, nous voici donc arrivés au Monastère Mor Gabriel à Midyat.
L’histoire du monastère Mor Gabriel à Midyat
Il s’agit d’un monastère syriaque orthodoxe qui serait le plus vieux au monde. Fondé dès 397 par Samuel et Siméon sur les ruines d’un temple païen ici aussi. Son nom lui vient d’un évêque ayant vécu au 7ème siècle. Au cours des siècles, le monastère a connu plusieurs massacres. Le dernier en date remonte au début du 20ème siècle. Pas très réjouissant à priori, mais tout va bien aujourd’hui.
La visite du monastère Mor Gabriel à Midyat
L’entrée du monastère Mor Gabriel coûte 10TL par adulte (non inclus avec le MuseumPass ou MuzeKart+). C’est gratuit pour les enfants.
Les autres monastères de Midyat
De nombreux monastères syriaques se concentrent autour de la ville de Midyat. Lors de notre venue, nous n’avons visité que le Mor Gabriel, mais n’hésitez pas à vous arrêter au grès de vos envies. Ceci dit, tous ne sont pas forcément ouverts au public.
Visiter le centre historique de Mardin
Dans le centre de Mardin, le plaisir des yeux est partout. Ne cherchez pas à suivre un itinéraire tout tracé, mais préférez plutôt vous perdre dans les ruelles étroites et ombragées. Des escaliers qui grimpent ici, des arcades là, des portes orientales et des façades finement sculptées… Tout ça est vraiment très joli!
Et à force de tourner dans tous les sens, vous finirez bien par tomber sur quelques monuments incontournables :
La Zinciriye medresesi ou l’école coranique de Sultan Isa
La Zinciriye est l’une des deux medresa les plus connues de Mardin. Elle n’est plus en activité aujourd’hui mais elle se visite pour notre plus grand plaisir.
Elle a été construite au 14ème siècle par Sultan Isa, un seigneur Artukide. Mais qu’est-ce donc qu’un Artukide me direz vous? Il s’agit simplement de l’une des dynasties turcomanes, comme les seldjoukides ou les ottomans.
Superbe bâtisse, la porte est magnifiquement ciselée. Vous pouvez – vous devez! – grimper au 2ème étage sur son toit terrasse. La vue sur la Mésopotamie au soleil couchant est à couper le souffle et aucun appareil photo n’arrive à capter la beauté du lieu aussi bien que vos propres yeux.
Eglise des 40 – kirklar kilisesi – ou Mor Benham
L’entrée est très discrète, mais passé ses hauts murs, vous voilà dans un agréable jardin. Au centre, l’église des 40, commémore la légende syriaque des 40 martyrs. Ce sont 40 soldats chrétiens de Cappadoce qui en 320, ayant refusé d’abjurer leur foi ont été condamnés à mourir dans l’eau gelée.
Construite au 6ème siècle, elle portait initialement le nom de « Mor Benham et sa soeur Saro ». L’église est toujours en activité et vous pouvez assister à l’office. D’ailleurs, vous apercevrez peut-être le prêtre ou sa famille qui vivent ici.
Les photos sont normalement interdites dans l’église, mais s’il n’y a pas trop de monde, le gardien des lieux pourra vous laisser en prendre. Et il vous découvrira la tenture qui cache l’autel 😉
La grande mosquée de Mardin – Ulu camii
Cette mosquée, située au centre du vieux Mardin présente un imposant Minaret. Superbe par son architecture Artukide typique de Mardin!
Le musée de Mardin et l’église Meriem Ana
Dans le musée archéologique de Mardin, on y admire autant les artefacts exposés dans ses pièces que le bâtiment lui-même.
Depuis l’intérieur du musée on accède à l’église de la Vierge Marie – Meriem Ana Kilisesi.
Je m’arrête là sur la visite de Mardin. J’espère que cela vous a donné envie d’en voir plus. A vous maintenant de faire le voyage! Quant à nous nous continuons notre circuit en Turquie orientale, direction Diyarbakir.
Et n’oubliez pas avant de quitter Mardin d’acheter un petit souvenir chez l’un des nombreux cavistes. C’est quand même pas tous les jours que vous aurez l’occasion de vous offrir une bouteille de vin syriaque!
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